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Le Monde 15 février 2006
Stephen Dwoskin
Quatorze films
Libération 01 mars 2006
Une intégrale DVD
Libération 01 mars 2006
A fleur de peau
France Culture 29 avril 2006
Le cinéma l'après-midi par Claire Vassé (audio mp3)
Emission spéciale Stephen Dwoskin
Le Nouvel Imbécile, mai 2006
Décadrages cinéma, à travers champs
7 printemps 2006
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Le Monde 15 février 2006
(www.lemonde.fr)
Stephen Dwoskin
Quatorze films
Les Films du Renard viennent d'éditer un coffret rassemblant
quatorze films de Stephen Dwoskin, parmi lesquels Tod und
Teufel (La Mort et le Diable) (1973), splendide adaptation
d'une pièce de Frank Wedekind, Outside in (1981), autofiction
flirtant avec le burlesque, ou encore Pain is… (1997), un essai
sur la douleur et le sadomasochisme. Accompagnés d'un livret
de textes critiques, ces films couvrent environ un tiers de
l'œuvre de ce cinéaste inclassable, chez qui l'acte de filmer
est indissociable d'une invalidité physique qui n'a cessé de
gagner du terrain tout au long de sa vie et d'une réflexion sur
les normes et l'exclusion. Libre et intimiste, sensuel et
cérébral, expérimental et politique, le cinéma de Dwoskin
est héritier des surréalistes et de Georges Bataille, d'Andy
Warhol et de Jack Smith.
Isabelle Regnier
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Libération 01 mars 2006
(www.liberation.fr)
Une intégrale DVD
L'intégrale des films de Dwoskin sort en DVD, à raison d'un
coffret par an contenant 5 DVD, à tirage limité. Le choix
des films n'est pas chronologique, cela va de Dirty,
poussière d'étoile en noir et blanc sale des années 60
à Intoxicated by My Illness, journal vidéo postgodardien
dernière période en passant par les longs métrages couleur
des années 70-80, dont Behindert et le sidérant Pain Is...
Au fur et à mesure seront égrenés les titres qui ont assis
la réputation de Dwoskin : Chinese Chickers, Trixie, Jesus
Blood (Never Failed Me Yet), Me Myself and I, Alone,
Naissant, Moment, Central Bazaar, ou Further & Particular
(adapté de Ma mère de Bataille)
De son côté, la maison parisienne Re : voir devrait éditer
dans l'année une copie restaurée de Dyn Amo, le plus
déstabilisant de ses films. On peut commander le premier
coffret Dwoskin, Box 1/3 (14 films) sur le site
www.renardfilms.org
Philippe AZOURY
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Libération 01 mars 2006
(www.liberation.fr)
A fleur de peau
Rencontre exclusive à Londres avec Stephen Dwoskin,
cinéaste génial et rare de «Pain Is...», versé dans les corps
et les cris, dont l'intégrale sort en DVD.
Stephen Dwoskin fait partie des cinéastes rares dont on
attend chaque film avec fièvre et inquiétude. Il est l'un des
plus grands artistes en activité. Qui le sait ? Pantin a fait une
intégrale de son oeuvre il y a deux ans. C'était bondé, les gens
sortaient avec les yeux comme des maxi 45 tours. Même choc
à Rotterdam le mois dernier, lors de la rétrospective qui lui a
été consacrée. Une oeuvre scandaleusement secrète et belle,
comme un affront à la médiocrité générale, un cinéma
vénéneux que Dwoskin nous envoie sous pli discret depuis
Londres.
Il y a dix ans, ceux qui étaient trop jeunes pour avoir vu ses
films, et n'en connaissaient que d'inoubliables photogrammes,
l'ont découvert via Arte, qui avait pris le risque de
programmer en access prime time, l'hallucinant Pain Is...,
aveu masochiste d'un Dwoskin passant lui-même sous le fouet
d'une dominatrice dont les seins débordaient d'un fourreau de
vinyle noir. A côté de ça, Dwoskin, dont le cinéma n'exclut
jamais personne, laissait la parole à des gens, malades
(comme lui cloué dans un fauteuil roulant par la polio depuis
l'âge de 9 ans), ou intranquilles (intranquilles comme nous),
qui disaient comment on tricote sa vie avec la douleur, la peur,
la solitude et le plaisir, comment, vivant, on s'expose
immanquablement au regard des autres.
La polio qui l'a frappé enfant est une saloperie, mais elle
n'empêchera jamais son regard de courir où il veut, de
parcourir les lignes du corps, de plonger dans les yeux d'une
autre : femmes aimées, modèles... Le Pigalle des années 60
était peuplé de rabatteurs qui vendaient «les plus beaux nus
de Paris». Actrices accidentelles. Providentielles. Des femmes
stupéfiantes comme on n'en croise que dans la rue. Chaque
film de Dwoskin pourrait se décrire ainsi : un homme regarde
une femme qui lui rend ce regard. Cet échange bras de fer
durera le temps qu'il faut, ce sera parfois doux comme une
caresse, aussi intense qu'une demande. Parfois, la peur,
le refus, la fierté blessée, l'abandon traversera ce cinéma
tendu et paralysé par les regards caméra. Comme au
peep-show, ses films se regardent isolé de tout. Ils
s'adressent à la solitude de chacun.
Un jour, il a donné à l'un de ses films un titre qui le résume
intégralement : Trying to Kiss the Moon. Petit garçon,
chaque soir, homme ensuite, chaque nuit, pousser en soi
pour tenter d'embrasser la lune. Il ne s'agit que de cela
chez cet Américain d'origine russe, né à Brooklyn en 1939,
et qui vit à Londres depuis 1964. Sa maison est dans Brixton.
Le rez-de-chaussée est réservé aux livres, vidéos, cassettes
audio (beaucoup de country music, et de musique contemporaine le minimaliste Gavin Bryars a signé ses
bandes-son des années 70, même si c'est un nom qu'il ne
faut plus prononcer devant lui...). A l'étage, des ordinateurs
et une table de montage vidéo où Dwoskin s'affaire avec
Keja Kramer aux dernières touches du film qu'ils viennent
de cosigner, les Yeux l'un de l'autre/I'll Be Your Eyes You'll
Be Mine, qui sera projeté à Bobigny le 17 mars lors de la
rétrospective Robert Kramer (avec qui il entretenait une
correspondance vidéo). Au centre de la pièce, sur un fauteuil
roulant, un mannequin de femme, sans vêtement, saisie
dans une inquiétante torsion qui la fait ressembler à une
poupée de Hans Bellmer. Assis contre elle, Steve Dwoskin,
hôte d'une grande disponibilité, raconte quarante-cinq années
de cinéma libre.
Lancement. «J'étais graphiste, au moment où j'ai réalisé
mes premiers films. Je faisais les visuels des publicités chez
CBS, je retouchais les pochettes des disques de Leonard
Bernstein, dont les photos, prises en pleine répétition, le
montrait toujours la cravate de travers, les cheveux en
bataille. Je peignais aussi, et ce jusque dans les années 70.
Je faisais les choses de façon simultanée. C'était une période
de curiosité. On sortait de la Beat Generation, et ceux que
je fréquentais à New York pratiquaient avec un même naturel
le graphisme, le cinéma expérimental, l'art, sans catégories.
Il y avait Robert Frank (mon impresario De Antonio avait
produit Pull My Daisy, le film qui nous a fédérés), Allen
Ginsberg, John Cage, Saul Bass qui m'impressionnait
beaucoup par ses films comme par ses innovations en
matière de graphisme. Nous étions un cercle d'artistes
touche-à-tout, autodidactes, on faisait le pont entre les arts.
Les rétrospectives organisées par le groupe Cinéma 16 sur
la 13e Avenue nous ont permis de découvrir Bergman,
Cocteau, puis Godard, Truffaut, Shadows de Cassavettes.
On en parlait des heures durant. Warhol est arrivé plus tard,
il travaillait encore comme illustrateur chez Harper's Bazaar.
Vers 1961, Jonas Mekas a fondé la Coopérative, la revue
Filmculture a été lancée, les artistes Fluxus se sont mis à
faire des films : le cinéma était devenu un grand jeu.
Peintre des corps. «J'ai fait mon premier film en 1960
avec 26 dollars de budget : une caméra 16 mm Bolex et
des chutes de pellicules récupérées chez CBS. La première
chose que j'ai voulu filmer, c'était les pieds de ma femme.
Je faisais des photos de corps de femmes, des peintures de
corps de femmes, alors j'ai fait des films de corps de
femmes. Je voulais que la caméra me permette d'établir
un dialogue intime avec la personne filmée. C'est autre
chose encore que le portrait. Comme en peinture, je voulais
capturer l'essence de celle que je regarde et interpréter la
façon dont moi je la regarde. Le film est plus approprié que
la peinture pour atteindre cet objectif. C'est une relation à
trois termes : moi, le modèle et la caméra. J'avançais au
film par film, j'agissais en peintre. J'explorais la puissance
expressive : comme mes films étaient en noir et blanc,
je voulais que la force du visage se substitue aux couleurs.
Mise à nu. «Pas de scénario, ni d'équipe, un peu de lumière.
C'est comme prendre des photos. Beaucoup de films ont été
commencés et jamais terminés. Les gens que je filme n'ont
souvent jamais joué avant. Ils ressentent violemment la
situation très délicate qui consiste à être devant une caméra.
Faire un film est un moyen de connaître les gens. Dans les
années 60, les filles étaient souvent des étudiantes de mon
cours d'art. Elles étaient des artistes aussi. Il y avait
également des filles rodées au spectacle, qui venaient de
la danse, de la performance comme Trixie. Je peux
travailler avec des professionnels, ça ne change rien pour
moi. Dépossédé du script, des dialogues, le masque de
l'acteur tombe et c'est la personnalité enfouie qui surgit.
Je sais que c'est la chose la plus dure pour un acteur :
se mettre à nu. Beaucoup veulent savoir s'ils sont capables
de ne plus se cacher derrière le texte.
Confiance et confrontation. «Fabriquer un film, c'est mettre
en place une relation. Nous ne nous quittons pas des yeux,
à l'affût des gestes qui nous trahissent. Le film, c'est moi
regardant une autre personne, et cette autre personne me
regardant à son tour. La performance, le jeu, doivent être
oubliés pour laisser place à la confrontation de deux êtres.
Je ne crois pas que mes modèles soient dans un moment
d'abandon, livrées à elles-mêmes. C'est leur relation à moi
que je mets en scène. Dans un film comme A Moment, par
exemple, où l'actrice se masturbe devant la caméra, il faut
installer une confiance pour qu'elle fasse cela pour elle, et
non pas pour correspondre à une quelconque demande
pornographique ou sous une contrainte psychologique. Je
ne parle pas, je ne dirige pas, j'agis comme un
documentariste filmant une action dont j'aurais installé
le dispositif. L'essentiel du temps du film, je le passe à
préparer le moment du tournage. Passer toute la nuit
à parler et ne filmer qu'au petit matin. Quand dois-je
prendre la décision de tourner ? Quand se lancer ?
Féminisme, voyeurisme. «On m'a traité de pornographe.
On m'a traité de pire : misogyne. Dyn Amo a beaucoup
divisé, en 1972 : la dernière séquence qui était
symboliquement comme un rituel de viol, la fille vulnérable,
déshabillée et tous ces hommes hideux autour, mais en
même temps son regard caméra qui faisait exploser
en éclat la pulsion voyeuriste du spectateur... Les gender
studies féministes ont par la suite réhabilité le film, qu'elles
considèrent comme une attaque contre une certaine forme
de machisme. Dans la première période de mon travail,
le regard déshabille le modèle. Même si le modèle est très
fort, capable de tenir tête. A partir de Dyn Amo, c'est le
voyeur qui est mis à nu. Puis Behindert (1975) a confirmé
ce renversement. J'y rejouais ma rencontre avec la femme
avec qui je vivais, sa gêne première, sa curiosité, notre
attirance, les tabous qui s'effondrent. J'injectais pour les
faire tomber des stéréotypes sociaux, le regard porté sur
les handicapés.
Erotisme de la maladie. «Il n'y a que deux endroits au
monde où vous êtes à la merci d'autres personnes, où
vous n'avez d'autre choix que de leur faire confiance,
puisque vous êtes vulnérables: le sexe et l'hôpital.
Intoxicated by My Illness (2001) vient, dès son titre,
d'un livre d'Anatole Boyard, ex-critique littéraire au
New York Times. Il a écrit cet essai sur un lit d'hôpital
Il dit que découvrir qu'il était atteint du cancer a provoqué
une érection dans son cerveau. Car il y a une dimension
érotique dans la maladie. Quand j'ai fait Intoxicated...,
je pensais alors que j'allais mourir, entre la fièvre et le
coma, je voyais la mort, une sorte de carnaval, des rituels
étranges autour de moi. Je venais de finir Pain Is..., où
j'affirmais que la douleur est ce paradoxe vivant : elle
nous rappelle que nous existons.
Filiation surréaliste. «Mon travail comporte toujours une
dimension burlesque, carnavalesque, grotesque. C'est un
comique surréaliste. Georges Bataille et Alfred Jarry, mais
aussi Aragon, Beckett, Joyce ou Kafka sont plus que des
influences, des gens dont j'apprécie le mode de vie, qui
ont mis des mots sur des sentiments que j'ai pu ressentir.
Ils se sont accommodés à l'absurdité et à l'extrême. Tout
cela me semble naturel, à moi qui ai grandi dans un hôpital.
La normalité ne m'a jamais été familière.
Ecran souvenir. «Un jour à l'hôpital, j'ai découvert qu'il y
avait un projecteur, un écran. J'ai écrit à toutes les maisons
de production, si elles voulaient bien céder gratuitement
à un enfant malade une copie de film. Une seule a répondu :
la RKO. C'est pourquoi j'aime leurs films, je les aimerai
toujours. Parmi les films qu'ils me prêtaient chaque
semaine, il y avait Citizen Kane...»
Philippe AZOURY
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“Le Nouvel Imbécile”, mai 2006
La fonction de l’orgasme.
Stephen Dwoskin (1939) américain de Londres, polio à l'âge
de 9 ans, artiste comme peu de cinéaste l'ont été. Premier
film en 1960 : déjà des pieds de femmes. Tant de solitude !
Entre James Ensor et Otto Mühl. Quelque chose de reichien,
Pop aussi et rock et obsédé comme nous l'étions jeunes dans
les boîtes à Soho et vieux n'importe où. M'a toujours
impressionné par sa capacité à être là où il était et à y faire
ce qu'il y faisait. Rien d’un dilettante. Un maître en patience.
Ô Steve... Il heurte, tente de fêler, de percer la carapace,
de déposer la cuirasse ; il mate par la fente du bunker.
Il veut sortir de lui-même. Il voudrait tant s’évader.
Son art est un art primitif, à la fois sans retenue et sans
pathos. Il tourne autour du corps des femmes comme si
elles étaient de mystérieuses statues de l'Ile de Pâques.
Avec lui, on revient de loin, de très loin. L’artiste est son
modèle et de ses films sans histoire, on se souvient
incroyablement bien. Les grains de peau, les boutons,
les taches. Epaisseur de chair, mur de chair, barrière de
chair. L’incarnation : la femme ou le manque ou la douleur ?
Des bandes sonores qui réveillent, qui torturent les nerfs.
Un autre temps, le temps dans lequel on se parle à
soi-même, on ressasse dans une couche profonde de
souvenirs. Maintenant que tout est permis, que tout est
montré sur Internet, on va enfin pouvoir regarder les films
de Dowskin pour eux-mêmes. Une fille lui mordille, lui lèche
la nuque. La sexualité des alités. Une paire de seins
énormes. Infirmières fantômes. Les fesses sous leurs
blouses, les décolletés. La kiné qui touche... Le fétichisme
cuir, bottillons, jarretelles, bas, les lèvres rouges.
Une femme se perce les joues... Le vent dans les arbres.
Nous sommes obligé de donner un sens, un langage à la
douleur ou c'est la folie. Style anglais. Mi stress, mi badine…
Elle le fait depuis 10 ans ; deux esclaves à la fois, un
partenaire soumis, masque à oxygène. Il se fait menotter,
boule en caoutchouc dans la bouche, redouble sa dépendance
pour mieux en jouir. Sans parler de l'exhiber !
Le bruit étouffe. Le monde vu d'en bas. Si fragile, nu dans
un lit, sans mobilité... Le souffle coupé par l'émotion.
Le luxe des visages, du silence. On perd le sens du temps.
On en trouve un autre. Des corps ! Contre l'aseptisé.
L’acrobate. Le trapèze fait mal; il faut s'entraîner tout le
temps ; bataille contre la douleur; si vous ne répétez pas,
vous n'apprenez jamais. Eh oui, bordel de merde ! Parfois
pour sortir de la douleur, il faut rentrer dedans.
Une femme pendue comme un jambon. Des films très
doux sur l'essence insaisissable de la douleur.
Mythique, puissante féminité. Creuser - toujours au même
endroit ; où ça fait mal. "Je ne me suis jamais permise
d'être obéissante". Regarder l'autre, l'écouter - c'est si
difficile ! Être fidèle, attentif à ses désirs. Quand commence
la grimace ? Qu’est-ce qui n'en est pas ? Danse des
masques - Raw Power ! Fixer un visage comme on visage
une entre jambe. Traquer les images subliminales.
Des questions et encore des questions : comment tu me
regardes ? Je te dégoûte ? D’accord… Mais est-ce que
je peux te pénétrer quand même ? Non ? Et te caresser ?
Non… Et te regarder ?
Yves Tenret
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Décadrages
cinéma, à travers champs
7 printemps 2006
Dossier: Stephen Dwoskin
(www.decadrages.ch)
Self made portrait de Claudine Després et Julian Schmid
Les deux instigateurs de Self made portrait (2006) se sont
attelés à un genre bien précis, celui du portrait d'artiste,
en l'occurence celui d'un cinéaste, Stephen Dwoskin, dont
toute l'œuvre tourne autour du questionnement quasi
obsessionnel des différents types de regards que la
caméra convoque : que ce soit dans une volonté de
démasquer la place attribuée d'habitude au spectateur de
cinéma (Moment, 1968-1969), d'exhiber celle,
toute-puissante, du cinéaste-cameraman sur son personnage
(Trixi, 1969), ou encore d'épingler le type de regard, codé
socialement et culturellement, que l'on porte habituellement
sur le handicap physique (l'hilarante autofiction Outside In,
1981, par exemple). Il n'est donc pas étonnant qu'avec
un tel «sujet», l'exercice ait pris un tour particulier.
En l'occurrence, tout l'intérêt de la démarche de Després et
Schmid
décidé de céder la
«mobiles» (le plan-séquence
un petit tour du propriétaire, les travellings verticaux depuis son
ascenseur à domicile, le travelling avant dans
appartement londonien), on le sent bien, ont été tournés
par Dwoskin dans ses déplacements en chaise roulante. Il
pourrait en
en partie à ses auteurs.
portrait dont le degré zéro du
complet des auteurs. En somme, Self made portrait est le fait
du portraituré lui-même ! Le gain documentaire
de la pratique du réalisateur que sur son environnement
parler de sa personnalité - est indéniable. Couplées au dispositif
du huis clos - que Dwoskin a maintes fois utilisé avec ses
personnages -,
encore plus de force une
présente de l'homme : extrêmement limité physiquement,
ralenti dans ses déplacements, Dwoskin
quotidien qui est devenu avec les années de plus
oppressant. Sentiment que renforce encore sa diction, empêchée
par des difficultés respiratoires. L'expression «porter son regard»
prend
séquence où l'on
Dwoskin : ou comment celui-
dépendant constamment de ses deux assistants pour porter
et manier la lourde - elle semble de plus en plus lourde
- caméra, n'en reste pas moins le maître à bord.
Que l'artiste participe lui-même activement à l'élaboration d'un
documentaire qui lui est consacré n'est pas anodin, on le voit
bien,
la position de
Dwoskin s'est lui-
l'autobiographie. Avec Trying to
nous livrait ses souvenirs sous la forme notamment de vieux
films de famille, tandis que dans Outside In (1981) il se
mettait lui-même en scène dans des récits autobiographiques.
Dans
le pas sur
signature. Surgit ici
deux auteurs n'entraîne pas
à l'écran. L'absence d'un point de vue
contrebalancer celui de Dwoskin, pourrait laisser
les auteurs pèchent par leur (trop ?) grande révérence vis-à-vis
du Maître. Cela se traduit à l'image par des plans qui, par leur
fixité sur
immanquablement penser à
son, en-dehors des commentaires de
manifeste une certaine déférence à l'égard du personnage. C'est
comme si le rapport de sujétion du modèle au réalisateur
que l'on peut voir dans beaucoup de films de Dwoskin
(par exemple
filmé tout-puissant rendant
la caméra.
Reste que cette «transparence» du portrait fait toute la richesse
du film en en disant beaucoup plus long sur le cinéaste que
n'importe
extrêmement riche
subies et revendiquées
Artaud et Duchamp, Pabst...) et
créatifs (phase de montage d'Oblivion,
musique «romantique» dans Intoxicated, 2001). De longs
extraits en voix off, ainsi que la retranscription complète
d'une lettre que
à Claudine Després et Julian
le cinéaste de livrer au public une part
les origines de son œuvre, et à nous spectateur de
pourquoi la contemplation curieuse des gens est à la base
même de sa pratique cinématographique.
Marthe Porret
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